Logements vacants : quelles exonérations de taxe pour les logements ?

Un chiffre aussi froid qu’implacable : plus de 3 millions de logements vacants en France métropolitaine, selon l’Insee en 2023. Un paradoxe, alors que la pression sur le marché immobilier atteint des sommets dans les grandes villes. Pourtant, derrière ces volets fermés, la fiscalité ne laisse rien au hasard. Un logement inoccupé depuis plus d’un an risque d’être visé par une taxe spécifique, à moins de cocher certaines cases bien précises. Il existe des exceptions pour les biens en attente de gros travaux ou ceux proposés à la location sans résultat, mais l’administration ne fait pas de cadeaux : les critères demeurent serrés.

Le montant de la taxe varie selon la durée pendant laquelle le logement reste vide et selon son emplacement géographique. Pour obtenir une exonération, il faut fournir des justificatifs détaillés à l’administration fiscale, et ce, dans des délais bien définis. Ici, la rigueur administrative ne tolère ni retard ni dossier incomplet.

Logement vacant : de quoi s’agit-il vraiment ?

Le terme logement vacant va bien au-delà de l’image d’un simple appartement oublié. Selon l’Insee, il s’agit d’un logement habitable, inoccupé depuis plus d’un an, sans meubles ou doté de mobilier insuffisant pour permettre une vie normale. Concrètement, les biens en ruine, les bâtiments en rénovation majeure ou les maisons secondaires utilisées ponctuellement ne rentrent pas dans cette catégorie.

Un appartement momentanément vide ou en transition entre deux locations ne suffit pas : seule compte la possibilité réelle d’habiter le lieu et la durée de vacance. Seuls les logements abandonnés depuis longtemps intègrent ce décompte officiel.

En 2023, l’Insee recense plus de 3 millions de logements vacants en France métropolitaine. Ce chiffre pèse sur le débat public, alors même que les difficultés d’accès au logement se multiplient dans de nombreuses régions. Ils surgissent aussi bien au cœur de grandes agglomérations saturées qu’en périphérie délaissée, alimentant les discussions sur la fiscalité immobilière et la politique du logement.

Pour bien différencier un logement vacant, l’administration s’appuie sur certains critères spécifiques :

  • Habitable : logement en état d’accueillir un occupant, sans nécessité de travaux lourds.
  • Non meublé ou mobilier insuffisant : ce statut exclut naturellement les résidences secondaires équipées.
  • Vacance d’au moins un an : la durée d’inoccupation joue un rôle central pour activer la fiscalité concernée.

Qui paie la taxe sur les logements vacants ? Dans quels cas ?

La taxe sur les logements vacants (TLV) cible les propriétaires ou usufruitiers d’un bien inoccupé depuis plus de douze mois. Mais attention : seules les communes en zone tendue sont soumises à cette taxe, c’est-à-dire celles où la pression locative est forte. Une liste fixée par décret rassemble ainsi plusieurs centaines de villes, principalement les pôles urbains où la demande surpasse nettement l’offre.

Dans ces zones, chaque logement habitable, vide ou trop faiblement meublé et inoccupé au moins un an au 1er janvier, tombe dans le champ d’application de la TLV. Le cadre légal renvoie à la loi n° 98-657 du 29 juillet 1998 (article 232 du Code général des impôts), qui précise les modalités officielles.

Hors de ces zones spéciales ou si la commune n’est pas listée, il existe une autre taxe : la taxe d’habitation sur les logements vacants (THLV). Elle s’applique aux logements laissés vides depuis plus de deux ans, à condition que la commune ou l’EPCI ait choisi de l’étendre. Le propriétaire ou l’usufruitier reçoit toujours l’avis de paiement.

Pour clarifier ce panorama fiscal, voici les situations les plus fréquentes

  • TLV : logement vacant depuis au moins 1 an en zone tendue.
  • THLV : logement vide depuis plus de 2 ans, en dehors du périmètre TLV, si la commune en a décidé ainsi.

Tout dépend donc de la localisation du bien, de la durée d’inoccupation et du statut du propriétaire. La combinaison de ces trois éléments permet de savoir si le logement tombe sous le coup de la taxe… ou non.

Montants, calcul et paiement : panorama de la fiscalité des logements vides

La taxe sur les logements vacants (TLV) sert à pousser les propriétaires à remettre leurs biens sur le marché, au lieu de les laisser dormir. Son montant s’appuie sur la valeur locative cadastrale, la même que celle utilisée pour la taxe foncière. Depuis 2023, le dispositif est devenu plus strict : le taux atteint 17 % la première année et grimpe à 34 % dès la deuxième année d’inoccupation. Cette recette finance notamment l’Agence nationale de l’habitat (Anah).

La taxe d’habitation sur les logements vacants (THLV) reprend ce principe : elle s’applique sur la valeur locative du bien. Le taux correspond alors à celui pratiqué sur les résidences secondaires par la commune concernée ; il peut donc y avoir d’importantes différences d’un territoire à l’autre. Cette taxe concerne les logements vides depuis plus de deux ans en dehors des zones TLV, et seulement si la collectivité locale a mis en place ce prélèvement.

Le règlement se fait sur avis de l’administration fiscale, qui adresse la facture directement au propriétaire concerné. Inutile de payer spontanément : la démarche est entièrement automatique. Si des contestations émergent, les voies classiques de recours restent ouvertes. Gare en revanche aux retards ou oublis de déclaration, car la note peut vite grimper. Pour qui détient plusieurs biens vides, surtout en ville, la facture devient vite corsée.

Boite aux lettres devant maison de banlieue abandonnée

Exonérations de taxe : critères et démarches pour alléger la facture

La loi précise au millimètre les possibilités d’exonération de la TLV ou de la THLV : échapper à la taxe reste exceptionnel, sous réserve de réunir toutes les preuves attendues. Voici une présentation claire des circonstances qui autorisent à demander une dispense :

  • Occupation effective : si le logement a effectivement été occupé au moins 90 jours consécutifs dans l’année de référence, il n’y a rien à acquitter, à condition d’en attester par des documents clairs (bail, quittances, attestations).
  • Vacance non volontaire : lorsqu’il est impossible de louer malgré toutes les démarches ou en cas de procédure judiciaire, la taxe peut sauter.
  • Travaux lourds ou opérations d’urbanisme : les biens devenus inhabitables du fait de gros travaux ou d’une opération de réhabilitation/démolition échappent à cette fiscalité.
  • Dépendances publiques et parc social : les logements relevant du patrimoine HLM ou utilisés comme dépendance du domaine public sont systématiquement exemptés.
  • Résidences secondaires meublées : elles ne tombent pas sous le coup de la TLV, bien qu’elles restent soumises à la taxe dédiée aux résidences secondaires.

Celui ou celle qui souhaite obtenir une exonération doit constituer un dossier étayé à remettre à l’administration fiscale, en y joignant toutes les preuves rendues nécessaires : factures de travaux, justificatifs de mise en location, contrats, ou pièces attestant la non-volonté de vacance. Toute la charge de la preuve repose sur le propriétaire, chaque cas étant traité de façon unique et sans garantie d’acceptation automatique.

Derrière chaque logement vide, un enchevêtrement de contraintes et de preuves à apporter. Pour les propriétaires, la moindre erreur ou le moindre retard peut transformer leur héritage en boulet fiscal. De quoi veiller à chaque détail avant que le silence d’un bien inoccupé ne résonne… jusque dans le portefeuille.