Pourquoi les taux de crédits immobiliers commencent à remonter ?

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Avis aux emprunteurs : l’ère de la faiblesse durable des taux d’intérêt semble toucher à sa fin. C’est en tout cas ce que suggèrent les récents développements des marchés obligataires. Des deux côtés de l’Atlantique, les rendements des obligations d’État se sont considérablement redressés au cours des dernières semaines. Cela est particulièrement vrai pour les obligations à long terme, qui servent souvent de référence pour déterminer les échelles hypothécaires des banques, en combinaison avec les taux à court terme (Euribor). En France, le rendement des obligations du Trésor (OAT) comparables à 10 ans a atteint son plus haut niveau cette semaine depuis septembre, à -0,07 %, alors qu’il se situait encore à -0,30 % fin janvier. La même tendance s’applique au Bund allemand et aux autres obligations d’État européennes, qui sont uniformément à la hausse. Tout en restant, il est vrai, très faible.

L’ombre de l’inflation plane sur les marchés

À l’origine de ce changement de paradigme sur les taux, les anticipations inflationnistes qui prévalent aujourd’hui chez de nombreux économistes. Dans d’une certaine façon, la hausse des prix est déjà en train de se cristalliser. Dans le détail, il est absorbé par les entreprises puisqu’il s’agit de matières premières, de frais de transport ou de composants électroniques, qui ne sont pas encore répercutés sur les consommateurs. Et ce, même si la Chine est la seule puissance économique à avoir renoué avec la croissance.

Mais avec la perspective d’une sortie anticipée de la crise sanitaire (immunité collective permise par les campagnes de vaccination), synonyme d’une reprise de la consommation et d’une accélération de l’activité aux États-Unis et en Europe, il ne fait aucun doute que la poussée inflationniste interviendra. Ce que les opérateurs commencent à prendre conscience. Reste à savoir à quel horizon et dans quelle mesure.

Bataille acharnée entre les banques

Pour les ménages, la question prioritaire est de savoir si la hausse des taux sur les marchés se répercutera rapidement sur les échelles de crédit immobilier des banques. Heureusement pour ceux qui veulent emprunter ou renégocier leur prêt, rien n’est moins sûr. Parce que les banques désormais contraints par le contexte monétaire (taux de dépôt négatifs de la BCE) d’affecter leurs liquidités à des activités génératrices de revenus, y compris les prêts. « Pour les banques, le crédit immobilier est une priorité, confirme Sandrine Allonier, directrice de recherche et porte-parole du courtier Vous. Et cela est dû à un couple risque-rendement imbattable pour cette activité dans le contexte actuel » .Pour ce professionnel, la politique commerciale agressive des banques sur la production de prêts immobiliers va logiquement se poursuivre dans les prochains mois et empêcher une hausse des grilles de taux. Au moins tant que leurs objectifs de production ne sont pas atteints, ce qui n’arrivera pas avant la fin du premier semestre de l’année.

Taux de crédit immobilier historiquement bas

Pour étayer son propos, Sandrine Allonier rappelle un précédent pas si vieux, même si la pandémie a tout changé : « entre août 2019 et décembre 2019, les taux hypothécaires ont chuté de 15 points de base (passant de 1,40 % à 1,25 % sur 20 ans) prêts), alors que l’OAT était simultanément passé de -0,40 % à zéro ».

À lire Crédit immobilier : l’assurance sera incluse dans le calcul du taux d’effort En attendant de connaître les barèmes des banques pour le mois de mars, d’ici deux semaines, les emprunteurs seront impatients de constater que l’année a commencé avec des taux… au plancher ! Comme nous l’avons indiqué récemment, il est désormais possible pour les meilleurs profils d’emprunter à moins de 1 %, quel que soit le terme, sachant que le taux moyen du marché sur 20 ans est légèrement supérieur à 1 %. Inouïe